Les six dés d'émeraude (chapitre 2).

par **Admin** Lun 14 Aoû - 19:41

Les six dés d'émeraude (chapitre2).

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Causette.

Comme souvent dans ce genre d'officine l'entrevue avait été courte et menée de suite à l'essentiel. Lùna Mittreï et Hessner Brozen sortirent ensembles puis allèrent récupérer leurs affaires à l'accueil, le cabinet Petitpas n'autorisait à l'entrée que les affaires personnelles courantes mais ni les sacs volumineux ni les armes ni les artefacts magiques.
La sécurité y était maximum, le secret des lieux et des gens qui y faisaient affaire étaient à ce prix.

Les deux se retrouvèrent dans la rue qui contourne Rurikton par le Nord,un peu déboussolés et ne sachant pas quoi se dire ni quoi faire.
Ils étaient subitement liés par une héritage dont ils ne connaissaient pas la teneur véritable et de plus probablement en compagnie d'une troisième personne dont personne ne savait si elle était vivante ou pas.

- Il y a un banc là bas, on pourrait s'asseoir et au moins faire connaissance ma belle ...non?

~~ "Ma belle"!! il l'appelait "ma belle"! pourquoi pas "ma cocotte" ou "ma poule" ! ~~

- Lùna... *elle répondit froidement, donnant en un mot son nom et l'unique manière de la nommer.*

- Ah!...enchanté Lùna! moi c'est Hessner*il tendit sa main*

- Ravie de vous rencontrer Hessner *souriante tout en lui montrant qu'elle, la fille modeste, connaissait mieux les usages de politesse que lui le nobliau prétentieux. Elle serra cependant la main tendue.*

- Et est-ce inconvenant de vous demander ce que vous faites dans la vie ...Lùna?

Elle ne répondit pas de suite mais plongea ses mains dans les deux grandes pochettes de cuir attachées à son ceinturon.
En un éclair et avant que le jeune homme n'ait conscience du geste il avait sous la gorge deux ensembles de griffes d'acier aiguisées comme des rasoirs.

- Je suis gladiatrice. *elle retira ses mains lentement avant de ranger ses armes étranges dans leurs pochettes.*

- Fichtre!! et tu te bats avec ...ces trucs?

- ce sont des armes redoutables tu as pu le constater, elles sont adaptées pour se bloquer à mes poignets dès que je plonge mes mains dans les poche de cuir où je les range, je m'en sert pour mes combats presque exclusivement.

- Tes combats? *ils se tutoyaient sans s'être concertés, c'était venu naturellement* parles moi un peu de tes combats justement...

- Eh bien je me bats en arènes, en général à celles de l'Arche mais de fois ailleurs, ce sont des combats réguliers qui se jouent au troisième sang, le premier qui a blessé au sang son adversaire trois fois gagne le combat.
C'est arbitré avec des règles très strictes mais ça n'évite pas hélas parfois les blessures graves et très rarement les morts.

- Mais...je croyais que justement ces combats se faisaient à mort?

- Tu confonds avec les combats clandestins, ceux là oui se terminent souvent par la mort du vaincu mais ce n'est pas mon monde.

- Et tu te bats contre qui? il y a des paris je suppose...

- Des femmes de mon gabarit et il y a heureusement des paris puisque c'est ça qui me paye à la fin d'un combat, trois fois rien si je perds, et parfois un beau paquet si je gagne! *elle rit *. Et toi? tu ne sembles pas vraiment avoir besoin de travailler à voir tes airs et ta mise...

- Je gère les quelques affaires de ma famille, je suis effectivement d'extraction noble mais tu sais de ces nobles désargentés sans châteaux et sans terres. Ne rêves pas, je n'ai de noble que l'allure, pas le train de vie qui colle avec.

~~ Il commençait à lui plaire ou plus exactement à moins lui déplaire ~~

- Tu combats avec cette épée d'apparat? *désignant la belle rapière qui pendait à la taille du beau brun*.

- Non, j'ai une vraie épée mais surtout je suis archer, c'est vraiment mon arme de prédilection et sans prétention je la maîtrise à la perfection.

- Dis moi...on se débrouille comment pour aller toucher notre héritage? Il va bien falloir y aller et de toutes façons je suis sure que tu es impatient comme moi ...non?

- Si tu veux bien je te propose que l'on se retrouve demain à l'Arche, juste près du passage pour la Marée sanglante.

- Ca me va, je vis à l'auberge de Salma, une petite piaule simple, je vais aller me reposer un peu et préparer quelques affaires.

Ils se quittèrent simplement, oh, ils ne se firent pas la bise mais au moins la glace était brisée.

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Le manoir.

Les six dés d'émeraude (chapitre 2). Roman010

La route fut courte entre l'Arche et le fortin de Portage, elle se fit en silence, chacun des deux bien trop occupé à réfléchir à ce à quoi pouvait ressembler le fameux "manoir", était-ce une simple grosse bâtisse bourgeoise, un vrai manoir avec ses mystères ou un château princier?
Ils entrèrent dans le fortin après avoir salué les gardes à l'entrée puis demandé à voir celui qui faisait ici office de commandant ou de lieutenant ou qui que ce soit qui ait autorité en ces lieux.

Un garde du lion leur expliqua qu'ils trouveraient qui de droit à l'étage, tout en haut sur le rempart.

- Le lieutenant est là haut, on a des incursions des pirates de Moriarty depuis quelques jours alors on est sur le pied de guerre.

Ca commençait bien...

Le lieutenant était une lieutenante, enfin un lieutenant femme, ni l'un ni l'autre ne savait si ce grade avait une version féminine.
C'était une grande femme à l'aspect un peu austère et dont la longue chevelure brune coulait presque jusqu'à la taille, son casque juste fixé à la ceinture.
Elle avait une mine triste, un peu abattue, Lùna avec son instinct de femme soupçonna de suite une peine profonde dont elle ignorait l'origine, c'set elle qui s'adressa au lieutenant en premier.

- Lieutenant, je suis Lùna Mittreï et voici monsieur Hessner Brozen, nous devons vous présenter des sauf-conduits pour nous rendre au manoir de Portage.

Elle sortit le sien et Hessner fit de même, le lieutenant les inspecta un à un avec précision et sérieux puis un sourire mi-figue mi-raisin s'afficha sur son beau visage un peu distant.

- Uh! vous êtes les héritiers de la ruine? et bien!... si on m'avait dit qu'un jour quelqu'un viendrait la réclamer!

Elle ajouta.

- C'est là haut *montrant la colline qui faisait face au fortin* le portail est là bas en bas à gauche, cela dit ça fait trois ans que je suis en poste ici et je n'ai jamais vu personne en sortir ni y entrer... vous êtes autorisés à vous y rendre bien sur.

Elle rendit les document et nota les noms sur un registre.

Dire qu'ils se précipitèrent est un faible mot, ils y coururent, armes et sacs à dos bringuebalant!
Hessner le premier arriva au portail, deux vantaux rouillés et dégondés qui tenaient surtout grâce à la chaîne qui était censée les verrouiller.
Hessner fouilla dans son sac pour y trouver quelque outil mais rien ne convenait, il dégaina son épée dans le but de faire sauter le cadenas puis se ravisa, dommage d'esquinter sa lame d'Ebon sur cette ferraille décatie.

Alors il prit de l'élan et lança une jambe en avant, Lùna le vit disparaître dans les fourrés, lui, la chaîne et le portail qui avait cédé au premier contact dans un boucan de casseroles cabossées.

Elle courut ramasser son acolyte enfouis les quatre fers en l'air dans les buissons sous un des vantaux.

- Oh oh!! c'était pas la peine d'y aller si fort! ce machin ne tenait que par sa rouille.

Il se releva griffé de partout et surtout la mine déconfite, son prestige en avait prit un bon coup face à la belle brunette.

- Pfff *il s'épousseta et se défit de quelques branches et autres feuillages* j'ai cru que j'allais me retrouver à Lornar!!

Tous deux éclatèrent de rire puis ils entamèrent une véritable expédition pour se frayer un chemin au travers de la végétation en folie.
Le chemin disparaissait sous des frondaisons qui touchaient le sol et les bordures étaient envahies de ronces et de troncs morts, personne n'avait du passer ici depuis des lustres mis à part les mulots et quelques serpents.
Il fallut deux bonnes heures pour enfin arriver à une esplanade miraculeusement épargnée par le fouillis végétal, un petit pré herbu sur lequel gambada un écureuil qui se précipita sur un pin pour les épier en penchant la tête.

Le bâtiment était là, vu de loin il présentait bien, belle et solide construction en granit de Gendarran, juste un peu perdue dans cet enfer végétal, une des façades était envahie par un lierre et les murs semblaient indestructibles.

De près la désillusion s'affichait de plus en plus sur le visage des deux jeunes...
Il manquait la porte d'entrée, les vitres étaient toutes cassées et la toiture présentait des trous dans lesquels on aurait pu passer deux hommes comme Hessner.
En silence ils avançèrent vers l'entrée béante, aucun des deux ne se décida à entrer en premier, le silence était angoissant et les lieux sinistres, le vent bruissait dans les ouvertures et un volet déglingué tapait inlassablement contre le mur.

Lùna se décida et passa ce qui avait été la porte un temps jadis et fit quelques pas dans le salon de réception.
Tout n'était que ruines et dégradations, plus de meubles mis à part un placard aux tiroirs renversés, des tapisseries murales décollées et le sol jonché de débris de verres.
Un grand escalier aux marches disparues ou vermoulues fermait le fond de cette salle vide.

Hessner s'approcha à son tour puis se colla dans le dos de Lùna.

- Bienvenue à Portage.

Les six dés d'émeraude (chapitre 2). 7f13c710

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Alexis Grisbourg.

Ce n'est rien de dire que leur déception fut à la hauteur du désastre, ils avaient hérité d'une semi ruine perchée sur des terres en friches dans un endroit isolé de tout.
Chacun avait "exploré" un coin du rez de chaussée, le hall d'entrée, un grand salon de réception, une cuisine vaste accolée à un cellier, un salon fumoir et une salle à manger qu'ils avaient reconnue grâce à la grande table de hêtre qui l'occupait sur ses deux tiers.
L'endroit avait du connaitre des jours fastes mais il ne restait plus que des pièces désolantes parcourues de courants d'air où subsistait ici et là quelques restes d'un mobilier surement trop encombrant ou trop lourd à emporter.

Lùna et Hessner fouillèrent un peu partout, au hasard et sans grande conviction, plus pour s'approprier les lieux que pour vraiment y chercher quelque chose, au final ils se retrouvèrent au point de départ, c'est à dire dans le hall d'entrée.

- On va voir en haut?

- Il faut bien mais moi je m'aventure pas dans cet escalier pourri, j'ai vu une échelle dehors on pourrait peut-être l'essayer pour accéder en haut.

- N'y compte pas Hess' *elle avait usé d'un diminutif, les choses allaient de mieux en mieux!* j'ai bien regardé cette échelle en arrivant, elle est encore plus dangereuse que l'escalier et j'ai une idée...

- Ah?... dis moi tout!

- Il y'a une table de service là bas, elle a l'air encore solide alors on va virer les pieds et s'en servir de planche pour franchir les espaces sans marches. on la pose , je passe en premier, tu me suis et ainsi de suite jusque en haut.

- Pourquoi tu passes en premier? mmh ?...

- Parceque je suis plus légère que toi et que si ça craque sous moi on saura que c'est pas la peine de continuer...mmh ?..

- Vendu!

C'est lui qui tout comme pour le portail se chargea de démonter les pieds de la table à grands coup de bottes qui résonnaient dans le hall désert.
Ce fut vite fait et il se chargea de la porter jusqu'au premier "trou" puis la posa bien calée côté mur.

Lùna rampa sur la planche improvisée jusqu'aux premières marches valides puis tapa du pied pour en évaluer la solidité.

- Ca a l'air d'aller... à toi, fais doucement et restes bien côté mur, ça semble plus solide que vers la rambarde.

Il suivit prudemment, Hess' devait bien peser dans les quatre vingt cinq kilos contre pas plus de soixante pour la brune, ça craquait mais ça tenait.
L'escalade dura vingt bonnes minutes avec par endroit des moments de peur d'autant plus intenses qu'ils montaient de plus en plus et que le manoir était haut de plafond.
Ils eurent un moment de panique lorsque une chouette Effraie les frôla à quelques centimètres pour disparaître par une fenêtre sans croisée.

Le palier fut atteint finalement, il fallait marcher en file indienne tant le plancher était parsemé de trous plus ou moins béants et rapprochés, partout le même spectacle, tout était cassé, vandalisé, sans dessus dessous.

- Hess'... c'est ruiné, mais y'a pas que ça... cet endroit a été fouillé, il y a eu des pillards c'est sûr et tout le monde est venu se servir au fil des ans mais ... non... ça explique pas tout, regardes bien, les fauteuils ont eu leurs assises éventrées à coups de couteaux ou de lames, les papiers peints on été arrachés et les murs sondés par endroits...

- J'ai vu, tous les tiroirs sont par terre aussi et certaines lattes du plancher ont été déclouées, elles sont même bien posées debout dans les recoins de certaines pièces

- Dis...* la question lui brûlait les lèvres* tu crois qu'ils ont cherché un trésor ici?

L'occasion était trop belle pour la faire marcher un peu, et même courir si possible!

- Evidemment! tous les manoirs ont un trésor caché c'est bien connu, reste à savoir si celui-ci a été trouvé ou si il est encore bien planqué dans ces murs.

L'idée lui redonna du courage subitement, ils firent les chambres et les salles de bain, là pareil, lits éventrés,meubles défoncés, tout avait été fouillé puis pillé successivement.
Il ne restait plus qu'une pièce à visiter, un petit salon qu'ils avaient aperçu en passant mais évité à cause du seuil effondré.

Le jeune homme dans un grand écart quasi artistique enjamba le vide puis tendit le bras pour tirer Lùna à l'intérieur, elle déboula presque sous la traction vive et termina sa course sur le buste d'Hessner qui n'en demandait pas tant.
Il y eut un moment de flottement de part et d'autre, ils se regardèrent fixement à la limite de l'éclat de rire puis la brune fit un pas de côté pour se dégager.

C'était bien un salon, dans le style de ces petits salons privés appelés aussi boudoirs, ici comme ailleurs pas grand chose si ce n'est un fauteuil, un seul et unique fauteuil.

Dans celui-ci était assis un homme, enfin, ce qui avait été un homme il y a bien longtemps car il ne restait qu'un squelette qui y dormait pour l'éternité.

Lùna s'approcha à distance respectueuse.

- Bonjour Monsieur Grisbourg.

Les six dés d'émeraude (chapitre 2). Ennuif10

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