Les six dés d'émeraude (chapitre 1).

par **Admin** Dim 13 Aoû - 21:56

Préface.

Cette nouvelle a été publiée sur le Forum du Hall d'or, elle y a été ôtée mais à la demande de deux personne qui ne l'avaient pas lue en entier je la réécris ici.
Le texte général a été revu et il y a des différences dans la narration et la mise en page.
Les chapitres paraîtront environ à raison d'un tous les deux ou trois jours, selon mon courage et ma disponibilité.
Si vous désirez émettre des critiques flatteuses ou assassines, faites le mais sur l'onglet "Discusions générales" plutôt.

Les six dés d'émeraude (chapitre 1).

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Prologue.

Ropex ne décolérait pas, tournant en rond comme un lion en cage il ne cessait de vociférer après un gros type au faciès niais qui l'observait de son regard bovin.

- Imbécile...pauvre imbécile...pauvre idiot!!

L'homme assis sur une chaise semblait impassible, comme ailleurs, tout en écoutant le déluge de réprimandes qui se déversait sans discontinuer.
Lui c'était Grad dit "le plat" à cause de son front bas et de ses arcades proéminentes.
Il subissait et encaissait sans mot dire les engueulades de Ropex, son chef. Cet homme maigre au faciès émacié l'impressionnait, il parlait fort en phrases hachées et courtes et avait sur ce gros bêta un ascendant facile.

- Mais...tu m'as dit de le faire parler hein, *tout penaud*... tu m'as dit qu'y fallait ab-so-lu-ment qu'y parle et qu'y fallait que je tape si qu'y voulait pas causer.

- Taper! taper! pas le tuer espèce de sac stupide!! *levant les yeux au ciel, désespéré*. Maintenant il est mort...on va faire comment pour trouver! hein?....comment?

Grad réfléchissait, enfin, il donnait l'impression de réfléchir car en fait sa stupidité crasse limitait ses capacités de réflexion de manière drastique.

- Euh...Rop'...si qu'on fouillait tout?

- Tu veux fouiller un manoir de dix pièces sans compter la cave et les greniers? vraiment? eh bien tu sais quoi...tu vas t'y mettre de suite!...Moi je descends à la cave chercher à boire et je te regarde ... ça te va?

- D'acc' chef...

Il l'appelait "chef" chose rarissime qui démontrait son embarras.
Grad avait tué quelques minutes plus tôt et bien involontairement l'homme qu'ils étaient venus dépouiller, Alexis Grisbourg, alchimiste, savant, ésotériste et surtout vieil homme reclus dans ce manoir depuis des années.

Il se mit à la tâche sous l'oeil goguenard de Ropex qui débouchait les bouteilles les unes après les autres avant de les jeter dans l'immense cheminée.

- Pouah! Quelle idée de garder du vin si longtemps!...il est imbuvable, du vinaigre! Il pouvait pas boire du rhum comme tout le monde, ça se conserve des siècles ça.

La fouille dura tout le jour, puis toute la nuit, de la cave aux greniers et en toute inutilité, ce qu'ils étaient venus chercher ils le savaient ne prenait pas plus de place qu'une boite à sucre.
Trouver un tel objet dans ce manoir au fouillis désespérant relevait du miracle, la propriété d'Alexis Grisbourg était un Capharnaüm sans nom.
Grad contourna le cadavre de l'homme affalé dans son vieux fauteuil défraîchi, les morts lui faisaient peur, il craignait les morts et la mort alors qu'il l'avait donné bien souvent sans aucun état d'âme.

- Ben... j'ai rien trouvé... *il entama un geste de son bras comme si il craignait un déchaînement de colère de son chef*.

- Tu prends un gros sac, deux s'il le faut, tu fous dedans tout ce qui semble avoir de la valeur ou qui ait l'air vendable et on se casse, deux jours qu'on est ici, j'en ai ma claque et j'ai même pas réussi à me bourrer la gueule.

Ils disparurent au petit matin, comme ils étaient venus, par les jardins arrières tandis que les premières neiges venues de Lornar saupoudraient le sol d'une fine couche cotonneuse.

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Elle.

Les six dés d'émeraude (chapitre 1). 24-aow11

Lùna, elle se nomme Lùna Mittreï mais c'est Lùna pour tout le monde.

Elle est allongée sur le canapé affaissé d'une chambre sans âme dans une taverne sans renom.
Un tas de courrier est posé en vrac au sol, celui du jour et probablement des lettres plus anciennes. Dans ses mains une missive qui a retenu son attention entre les factures, les rappels de créanciers et le fatras des annonces sans intérêt.

- Alors...ouah!! cabinet Petitpas, Petitpas et Petitpas, avocats, notaires et huissiers près la cour royale!!!!

L'en-tête est impressionnante, c'est le plus renommé des cabinets d'avocats du Promontoire et même de Kryte, que lui veulent-ils donc ces gens qui normalement ne traitent qu'avec les puissants, voir le palais royal lui-même?
Lùna a surtout retenu le mot "huissiers"!... Surement cette fois ses créanciers qui en ayant assez de lui envoyer ses encaisseurs pour rien ont décidé d'aller en justice.
Et si ils vont en justice chez Petitpas elle est mal, très mal.

-Par les six, cette fois je suis cuite, ceux là c'est pas avec mes charmes que je vais les amadouer comme les "encaisseurs".

Elle continue de lire, résignée.

"Madame, nous désirons par la présente vous soumettre notre désir de vous recevoir en nos bureaux afin de traiter d'une affaire vous concernant.
Le plus vite sera le mieux.
Veuillez agréer l'expression de nos sincères salutations."

Hyppolite Petitpas.

- Eh beh... une affaire... une seule...c'est déjà ça, je dois bien avoir une douzaine de créancier aux basques!

Elle éclata de rire, un rire aigre mais l'ironie l'amusait.

Lùna était une jeune femme dans la vingtaine, peut-être un peu plus, un visage fin au regard félin vert d'eau entouré d'une longue chevelure brune, tantôt en natte, tantôt en tresses ou tout simplement en bataille.
Des petites taches de rousseur assez inattendues relevaient ce visage magnifique qu'un corps somptueux ne dépareillait pas.
Elle ne roulait pas sur l'or, sa tenue bien que d'une relative élégance légère était d'un tissus commun et l'univers de sa modeste chambre était d'une pauvreté ascétique.

- Bon...je vais y aller, je dois y aller, on ne refuse pas une invitation du cabinet Petitpas, Petitpas et Petitpas.

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Lui.

Les six dés d'émeraude (chapitre 1). Cfce8911

Le moinillon traînait laborieusement ses savates sur le dallage du monastère d'Eldwin comme si il portait sur les épaules la rédemption du monde entier.
Il s'arrêta devant une porte voûtée typique des cellules de cet endroit austère puis frappa.
Il frappa une fois....puis deux fois, puis une troisième un peu plus fort qui résonna dans le couloir nu.

- Ouai!!!

- Monsieur *il parlait bas, collé à la lourde porte de chêne* il est quatre heures bientôt.

- Oui oui!! c'est bon!...

L'homme se leva de sa paillasse pour aller ouvrir, s'attendant visiblement à ce qu'on lui apporte une collation conséquente.

- Bonjour frère... *sa mine afficha une moue déçue lorsqu'il vit le jeune moine avec en main un simple boulier à prières*

- Il est quatre heures comme vous avez demandé alors je viens vous réveiller, je dois aller à mâtines qui vont sonner, si je suis en retard ce sera pour moi pénitences et corvées.

La cloche du monastère sonna en effet dans la nuit l'heure de la première prière.

- Merci, allez y, c'est bon je préviendrai la porterie en partant.

Le novice disparut dans la sombre coursive pour entamer une journée surement longue et pénible au vu de la lenteur de ses pas traînants.

Hessner Brozen récupéra ses affaires et enfila une tenue de belle facture, manteau, pourpoint, chemise de coton, pantalon et bottes de cuir de qualité.
Le jeune homme respirait la noblesse, un peu suffisant, un peu dédaigneux mais on ne pouvait nier qu'il avait une certaine classe avec sa haute stature et ses airs farouches.

Il passa à la taille un baudrier sur lequel il fixa un fourreau avec une rapière d'une grande finesse, surement même trop fine pour tenir le choc d'un combat mais qui en jetait à la vue.

Puis il chercha vainement un miroir.

- Mince! ils font comment pour se raser ici? et moi je vais faire comment pour me donner belle allure? je vais au Prom, pas chez les terreux de Claypool!

Il se coiffa au jugé dans des gestes grandiloquents comme si un public imaginaire l'admirait faire.

- Les filles !! me voila!!

Hessner passa la porterie sans omettre de laisser quelque obole pour les moines à l'hospitalité aussi dévouée qu'austère puis chercha un lampadaire sous lequel il déplia une feuille pour la lire à cette lumière bien plus vive que la pauvre bougie de sa cellule.

- Hyppolite Petitpas!!...bigre! un nom pareil ça s'invente pas! ... Avenue des frênes, Rurikton.

- En route!!

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Le testament.

Les six dés d'émeraude (chapitre 1). E2176c10

La grande et belle bâtisse se situait au fond d'une large allée bordée de frênes, un silence apaisant régnait dans ces lieux juste troublé par le chant de quelques oiseaux et les rumeurs plus lointaines du bourdonnement de la grande cité du Promontoire.

Le jeune homme passa la lourde grille et laissa son nom et ses armes au garde de faction, ici on ne badinait pas avec la sécurité visiblement.
Il longea l'allée puis entra dans un immense hall au sol de marbre, il s'attendait à trouver une ruche bourdonnante mais en fait il n'y avait... personne!
D'un oeil entraîné il avisa les lieux, deux tables basses, un canapé, trois fauteuils, quelques tableaux aux murs et une grosse pendule dorée au "tic-tac" sonore.

c'était assez succinct comme décor mais Hessner évalua bien vite qu'il y avait dans cette seule pièce de quoi payer une compagnie séraphine durant une année.

Son regard s'arrêta sur la seule présence humaine en ces lieux, une jeune femme assise sur un fauteuil relativement à l'écart.

- ~~ hé hé...mignonne la petite, hum... bon, oui, ça vient pas du grand monde mais bien habillée je l'emmènerai bien chez WI...enfin , au rez de chaussée , pas à l'étage avec les comtes et les baronnes! ~~

Il s'approcha puis s'aperçu bien vite que la maligne s'était trouvé un fauteuil bien à l'abris de tout voisinage, il pensa bien à en tirer un vers elle mais ce serait passer pour un dragueur lourdingue.
Hessner finit par se poser sur le canapé, plus ou moins en face d'elle mais à une certaine distance.

Lùna détailla l'arrivant.

- ~~ Mais voyez moi ça... pfiouuu! si la noblesse sentait ça puerait jusque ici! ~~

Un peu sulfureuse, un peu vipère elle se débrouilla pour se placer de guingois, très consciente que ce faisant il aurait une vue imprenable sur sa culotte par dessous sa jupette ras des fesses.

Les deux se jaugeaient et se dévisageaient en regard fuyants et en coup d'oeils insidieux lorsque une porte s'ouvrit dans un grincement discret.
Un homme se présenta que Lùna ne manqua pas de reluquer sans aucune gêne.
Il était grand, autant que le jeune visiteur, habillé sobrement mais richement avec un regard franc et des cheveux poivre et sel qui lui donnaient une allure princière, la classe à l'état pur!

Madame Mittreï, monsieur Brozen...Suivez moi s'il vous plait.

La brune s'étonna qu'ils soient tous les deux convié à l'entrevue, elle ne connaissait pas ce brun aux allures de seigneur faren un peu pédant, ce n'était pas un de ses créanciers, ça elle en était sure.

Tous deux furent invités à s'asseoir dans des fauteuils garnis de velours rouge brodés de roses en fils d'or.

L'homme se pencha sur son bureau, croisant ses doigts et les fixa de son regard gris bleu.

- Je suis maître Hyppolite Petitpas, avocat en titre et premier nom de ce cabinet, j'ai ici un dossier qui vous concerne tous deux et dont je vais vous exposer la teneur.

Lùna se tassa sur son siège, soupirant d'aise ~~ Ouf! ce n'était pas l'huissier! ~~
Hessner se redressa ~~ Avocat? affaire le concernant?... ça sentait l'héritage il n'en doutais pas. ~~

Maître Petitpas ouvrit un dossier, assez mince , quelques feuilles seulement, trois ou quatre peut-être.

- J'ai ici un testament, ce testament est olographe a été rédigé il y a plus de vingt ans par un de nos clients qui y a ajouté un codicille...

Lùna ne comprenait pas la moitié des mots mais avait bien saisit celui de testament!

- ... Il est précisé que si le testataire ne donnait pas signe de vie depuis dix ans nous avions diligence pour l'ouvrir et en connaitre la teneur.
Or il se trouve que cette personne, le sieur Grisbourg Alexis n'a plus acté d'une quelconque présence depuis maintenant douze ans.
Il y a deux ans donc nous avons ouvert ce testament pour en lire les injonctions, le sieur Grisbourg y désignait deux successeurs potentiels, il devait s'agir d'un homme et d'une femme, l'un ou l'une des deux devait l'être par simple descendance, proche ou éloignée, l'autre un ou une descendante de sa gouvernante...

Les deux buvaient les paroles du Notaire, Hessner assez au fait de ces choses attendait la suite tandis que la belle brunette se voyait déjà riche et menant grand train.

-... Il nous a fallut deux ans pour arriver à vous, vous êtes donc les héritiers du Sieur Grisboug Alexis.

Le jeune homme posa la bonne question, ses allures de fat un peu prétentieux cachaient un esprit fin et aiguisé.

- Maître... rien ne dit que mon...le sieur Grisboug soit décédé. même si cela fait dix ans ou plus qu'il ne donne signe de vie il est peut-être encore de ce monde...

- En effet monsieur Brozen, si tel est le cas vous avez jouissance et usufruit de la succession en partage égal avec le sieur Grisbourg Alexis c'est à dire aux trois tiers.

Lùna se réveilla de ses rêves de princesse.

- Et c'est quoi cet héritage monsieur maître?

- Un manoir sur les collines de Portage au nord est de la côte de la marée sanglante, à la limite de Lornar. Les terres et exploitations afférentes ainsi que le personnel le cas échéant.

-Un manoir!...diantre! *ajouta hessner*.

- Et comment on fait maintenant? *surenchérit Lùna qui s'imaginait invitant le beau monde dans la salle de bal.*

- Je vais vous faire à chacun un sauf-conduit que vous remettrez aux gardes du Lion qui occupent le fortin situé juste en contrebas des terres, cela vous autorisera en toute légalité à entrer dans la propriété et faire valoir vos droits...
... De plus un double de ce testament vous sera remis à chacun par mon greffier à votre sortie...
... Si vous permettez je vais vous raccompagner.

Cela voulait dire en termes choisis que l'entrevue était terminé et que maître Hyppolite Petitpas avait d'autres dossier à gérer.

Les six dés d'émeraude (chapitre 1). Image-10

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